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Artistes au Prieuré : Sonia van den Abeele (07/02/14)

ARTISTES AU PRIEURÉ : ÉCHOS DE LA RENCONTRE

Heureuses celles qui portent la terre



Le vendredi 7 février 2014, Sonia van den Abeele a dévoilé au Prieuré, dans un entretien intime et intimiste, toute la douceur qu’elle porte dans ses mains et dans sa voix.

Depuis sa plus tendre enfance, Sonia van den Abeele aime bricoler. À 12 ans, elle fabrique des bijoux avec du fil de fer et du plomb fondu, aujourd’hui, elle travaille le papier mâché, le bois et le bronze. Son métier de maquettiste d’architecture lui a donné le goût de la précision et du soin méticuleux qui transparaît dans toutes ses œuvres.

Au début de sa carrière, elle sculpte des saltimbanques qui traversent la vie sans se poser de questions, ensuite elle crée des personnages plus sérieux, plus graves. Les femmes se portent au chevet de la terre, la contemplent ou la protègent avec bienveillance. Ses caryatides portent la terre à bout de bras, l’élèvent au ciel dans un geste d’offrande, et courent pour le faire avancer. Ces petites figurines qui prennent soin de la terre, prennent soin aussi du l’humain. « Heureuses celles qui portent la terre, elles recevront la douceur. »

Sonia van den Abeele aime l’utopie d’un dessinateur comme Luc Schuiten dont elle partage les préoccupations écologiques. Avec Théodore Monod, elle pense que « l’utopie n’est pas l’irréalisable, mais l’irréalisé ». C’est à partir de ce moment-là qu’elle se met à créer des arbres, ces symboles de croissance, d’évolution, de puissance et de fragilité. Ces « arbres buveurs de ciel », comme le chante Nougaro, sont une belle image de la vie humaine. Et l’artiste cite ce proverbe indien : « La terre n’est pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent. »

Son parcours artistique est un hommage à la féminité et à la douceur. Elle ne représente presqu’exclusivement que des femmes, dont elle aime les courbes et les rondeurs. Les boules et les cercles avec lesquels elle associe ses petites figurines aux maillots rayés évoquent le cosmos, la terre, la mère et la vie. Si elle ne représente que des femmes, c’est aussi parce qu’elles ont un regard sur le monde plein de tendresse, de compassion et d’amour. Elles sont donneuses de vie et peuvent faire bouger le monde : elles sont « les jardinières du devenir ». C’est Jean Letschert qui dit que « le féminin est ce qui donne à la spiritualité, quelle qu’elle soit, sa poésie ».

Mais plutôt que de raconter l’histoire de ses œuvres, l’artiste préfère leur silence. « Ce n’est pas à moi de dire aux gens ce qu’ils doivent éprouver face à mes œuvres, c’est à eux de m’expliquer leurs émotions. » C’est Éluard qui disait que « L’art c’est offrir à celui qui regarde, le monde qu’il voudra imaginer. » Merci donc à Sonia van den Abeele d’offrir à notre imagination de si magnifiques supports.

Jean BAUWIN
(07/02/2014)

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