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Samedi du Prieuré : Christian Panier (30/11/13)

SAMEDI DU PRIEURÉ : ÉCHOS DE LA RENCONTRE

Christian Panier : Heureux celui qui fermera les prisons

Le 30 novembre 2013, Christian Panier, ex-président du Tribunal de première instance de Namur, est venu expliquer au groupe des Samedis, pourquoi le système carcéral belge n’est plus efficace.

Christian Panier est tombé tout petit dans la marmite du verbe. Lors des réunions de famille, c’est toujours lui qui devait trousser les compliments. Il adorait déjà faire le clown ou se lancer dans des imitations. En rhéto, il gagne un prestigieux concours d’éloquence, et alors qu’on décide pour lui qu’il sera avocat, lui, il rêve de théâtre. Il vivra quelques belles expériences avec Christiane Lenain et toute sa joyeuse équipe. Mais lorsque Claude Etienne décrète qu’il n’est pas fait pour ce métier, il reprend le chemin de l’université et réussit brillamment ses études d’avocat.

En 1973, il épouse Béatrice, une femme de combats qui lui ouvre les yeux sur des réalités qu’il ignorait, et qui développe sa conscience sociale. Il fera ensuite une belle carrière en devenant successivement avocat, assistant à l’université, magistrat, président du Tribunal de Namur. Autant de fonctions éprouvantes qui le mettent en contact avec l’humanité souffrante, blessée et parfois méchante.

Avec son épouse, il a beaucoup fréquenté les milieux chrétiens de gauche, mais aujourd’hui, Dieu ne fait plus partie de sa vie. Jésus par contre, est une figure qui continue à l’accompagner. Il est convaincu que la manière de vivre du Christ et ses options sont des balises de vie essentielles.

En 1998, son épouse décède. Au début des années 2000, son homosexualité, sans doute endormie au plus profond de lui-même, revient alors à la surface.

Longtemps proche du P.S., il constate que l’usure du pouvoir corrode considérablement les idées socialistes. Aussi, lorsque la retraite lui rend son indépendance, il se rapproche du P.T.B. qui rejoint mieux ses idées.


Droit dans le mur

Désespérant. Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier l’état du système carcéral dépeint dans le rapport 2013 de la section belge de l’Observatoire international des prisons (OIP). Parce que rien n’a changé en 5 ans. Ou plutôt si : la situation s’est encore aggravée. À l’époque, l’OIP dénonçait déjà la surpopulation galopante, des conditions de détention déplorables, le non-respect des normes d’hygiène et de santé élémentaires, la violence derrière les barreaux, les suicides, le traitement scandaleux des internés… On en passe. Désespérant, parce que c’est encore pire aujourd’hui. Les prisons sont encore plus surpeuplées, plus violentes, plus inhumaines… (…)

Parce qu’il n’y a pas de volonté de prendre le problème dans sa globalité et de contrer les causes profondes de la surpopulation carcérale : le recours exorbitant à la détention préventive; l’allongement des peines; la restriction de la libération conditionnelle… À l’inverse, on serrera encore la vis. Autant de mesures (électoralement rentables ?) qui rassurent à bon compte, mais qui ne contribuent en rien à la sécurité des citoyens. Rien - ou si peu - n’est fait pour donner un sens à l’enfermement. Comment prendre conscience de la gravité de ses crimes, réfléchir à la douleur des victimes et chercher à s’amender quand on vit 23 heures sur 24 à trois dans 9 mètres carrés, condamné à respirer l’odeur d’aisselle de ses codétenus ? Poursuivre dans cette voie, c’est foncer droit dans le mur.

Un édito d'Annick Hovine, paru dans La Libre le 4 octobre 2013.


La prison ne résout rien

Tout est dit dans cet éditorial, affirme l’ancien juge. Nos prisons qui datent du 19e siècle ne sont plus humaines. La détention préventive surcharge les prisons et ne remplit sa triple mission, à savoir : écarter quelqu’un de dangereux, resocialiser et favoriser l’amendement du condamné (son retour à de meilleures intentions).
Les prisons furent inventées pour remplacer les châtiments corporels. La privation de liberté était le seul châtiment que la prison devait imposer au condamné. Tout le reste devait être préservé.
Mais aujourd’hui, la prison ne prive pas seulement le détenu de liberté, mais de sa dignité, de sa vie affective et sexuelle, des visites de ses proches (ou alors en parloir, ou derrière une vitre), et de travail.
La prison est milieu horriblement violent et toutes les études montrent qu’elle n’est pas efficace, qu’elle ne permet pas de s’amender. Au contraire, on en sort pire que lorsqu’on y est entré. Plus l’emprisonnement est long, plus le taux de récidive est élevé. La prison n’est efficace que si l’emprisonnement est court. Les longues peines doivent rester exceptionnelles, s’il n’y a pas d’autre moyen possible.
On constate également que conduire les gens à fond de peine ne fonctionne pas non plus. La loi sur les libérations conditionnelles permettait de rendre un espoir aux détenus. Mais on en restreint aujourd’hui l’accès. Tout cela est le résultat d’une absence de réflexion du politique et des citoyens.
Tout le monde continue à penser que la prison est la solution miracle, à imposer pour chaque délit, quel qu’il soit. Or il faudrait inverser le système et ne considérer la prison que comme l’ultime recours, quand on a essayé les alternatives, ou qu’il n’y a pas d’autre solution.
Les prisons sont un facteur d’exclusion. Or la plupart des détenus sont des gens qui étaient déjà exclus avant. Comment croire que la prison va résoudre le problème ?
« Ouvrez une école et vous fermerez une prison » écrivait déjà Hugo.
Les études montrent que la prison augmente l’insécurité, mais tout le discours politique prétend le contraire. Pour se maintenir, notre système économique capitaliste a besoin de susciter la peur dans la population, de créer un climat d’insécurité pour éviter toute rébellion. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que l’on bâtisse de nouvelles prisons ou qu’on en loue à l’étranger. Les prisons sont le miroir maudit d’une société.
« Celui qui ouvre une prison doit savoir qu'on ne la fermera plus », écrivait Mark Twain. Nous voilà prévenus…

Jean BAUWIN
(30/11/13)

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