Mercredi des Cendres
« Aider les proches à pleurer » avec Les Soupirantes
Comment honorer nos défunts ? Comment faire mémoire de celles et ceux qui nous ont quittés durant la pandémie et auxquels nous n’avons pas eu l’occasion de rendre hommage comme nous l’avions souhaité ?
Chaque année, le Prieuré tente de trouver les mots, les musiques et les chants qui expriment cette grande solidarité entre les vivants et les morts. Le 2 mars 2022, nous aurons la chance d’accueillir l’ensemble vocal Les Soupirantes.
Ce groupe vocal, composé uniquement de femmes, s’est en effet spécialisé dans les cérémonies funéraires. Leur programme ? Se faire « passeur de mots, catalyseur d’émotions, porte-parole d’une assemblée qui cherche à exprimer ses sentiments et son deuil. »
Elles accompagnent les familles dans la préparation des funérailles et chaque célébration est une expérience humaine exceptionnelle. Elles proposent un répertoire a capella et en polyphonie de chants classiques, pop ou traditionnels, religieux ou profanes, toujours poétiques. Il leur arrive aussi de lire des textes, quand les proches n’en ont pas la force : « C’est un merveilleux cadeau de pouvoir leur prêter notre voix », dit Florence Laloy, la fondatrice du groupe. Elle ajoute : « Notre place, en tant que groupe vocal, est d’être dans une posture extérieure qui nous permet de ne pas nous laisser prendre par l’émotion, ce qui nous ferait perdre notre voix. Mais notre rôle est d’aider les proches à pleurer. C’est si bon. Si on ne peut pas pleurer à des funérailles, où peut-on le faire ? »
Les Soupirantes. Le nom de leur groupe est un jeu sur le double sens du mot. Les soupirantes sont celles qui, comme les pleureuses autrefois, soupirent avec les personnes qui traversent un deuil. Mais le mot désigne aussi les prétendantes amoureuses.
Florence Laloy expérimente par ailleurs le pouvoir apaisant et consolant de la musique avec les personnes atteintes de démence, de sénilité, ou qui sont en fin de vie. « Même si elles ne peuvent plus parler, ou si elles sont alitées, je viens jouer de la harpe ou du violon et chanter. Je leur fais aussi des massages, parce que le toucher relationnel est essentiel : les toucher par le regard, la voix et les mains, par des massages du crâne, du dos ou des pieds. »
Avec elle, la compassion s’exprime par tous les sens.
Sandrine Clark, Noëlle Deckmyn, Zosia Ladomirska, Scarlett Schmitz, Noemi Tiberghien, Denise Yerlès (chant)
Elfée Dursen (chant et accordéon)
Florence Laloy (chant, direction et arrangements)
Site du Collectif H2Oz : www.oz-asbl.be
Site des Soupirantes : http: www.lessoupirantes.be
COMPTE-RENDU
Célébration des cendres et mémoire des défunts - Mourir un peu
Au Prieuré, le Mercredi des cendres, qui marque l’entrée en carême, est aussi l’occasion de prier pour les défunts : ceux qui ont été proches du Prieuré, mais aussi les morts de la rue et les victimes de la guerre en Ukraine.
Les prières ont été portées par le chant des Soupirantes, un groupe vocal féminin, fondé par Florence Laloy, qui veut honorer les défunts en se faisant « passeur de mots, catalyseur d’émotions, porte-parole d’une assemblée qui cherche à exprimer ses sentiments et son deuil. »
Quant au titre de la célébration « Mourir un peu », il est emprunté à Sylvie Germain : « L’amour, la mort : on ne badine ni avec l’un ni avec l’autre. Effeuiller le verbe mourir ainsi qu’une fleur des champs c’est mettre à nu son propre cœur, ses pensées, son espérance ». En effeuillant les noms de ces chers disparus, Gabriel Ringlet invitait les participants à mettre leur cœur à nu pour accueillir l’amour de ceux que les yeux ne voient plus, et l’espérance de trouver à leur suite un chemin de nouvelle naissance. Sylvie Germain enchaîne : « La partance est mourance, la mourance est mouvance et nouvelle naissance. »
En commentant l’Évangile de la Transfiguration (Marc 9, 2-10), Gabriel Ringlet a centré son homélie sur la question : c’est quoi ressusciter ?
Enfin, en recevant les cendres, sur le front ou dans la main, chacun est invité à se laisser éclairer par leur lumière. Parce que, oui, les cendres sont lumineuses : « Dieu est un Passant qui se présente à l’improviste, vêtu non de pourpre et d’ors, mais de vent et de poussière. Et cette nuée de poussière lumineuse danse dans le Vent de l’Esprit. La poussière est patience, elle lui partout, jusque dans les ténèbres. » (Sylvie Germain, Mourir un peu, DDB, 2000.)
Revêtu de cette poussière de lumière, il reste à chacun, s’il le veut, de se faire nomade, comme Alain Houziaux qui « chante le souffle de l’esprit qui fait voler le sable du monde. Car tout s’efface, et la liberté est avec le vent. » (Paraboles au quotidien, Cerf, 1988.)
Jean Bauwin
(02/03/2022)
L’amour, la mort : on ne badine ni avec l’un ni avec l’autre. |
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Célébration : Gabriel Ringlet
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