Samedi Saint 2017 : Bouli Lanners - Rencontre

SAMEDI SAINT 2017 : ÉCHOS DE LA RENCONTRE

 

LA RÉSISTANCE DU SAMEDI

Le bonheur que nous cherchons, c'est d'être bon...

Un Samedi Saint avec Bouli Lanners ou la résistance par la lumière

Bouli Lanners, artiste peintre et cinéaste.

 

Bouli Lanners est né à La Calamine, de parents fermiers. Il a toujours vécu dans un pays où l’on parlait allemand, patois et wallon. Il lui semble donc tout naturel de parler plusieurs langues. Il fait ses études secondaires à Gemmenich, mais c’est la peinture qui l’attire.  Et il voudrait faire les Beaux-Arts à Liège, mais ses parents veulent d’abord qu’il termine ses humanités. Il tient deux ans avant de se faire virer. Il faut dire qu’il est un punk à l’époque…

 

À Liège, il fait plein de petits boulots, toutes les ouvertures sont possibles. C’est là qu’il rencontre les Snuls. Ils cherchaient un petit gros, sourit-il. Il fait un sketch avec eux, travaille dans la décoration, en régie, et fait pas mal d’émissions alimentaires. Cette période où il participe à près de 200 émissions comme comédien ne nourrit pas son homme, mais constitue une grande leçon de vie.

 


Au nom du père

« Pendant longtemps, j'ai été prisonnier de mon image. »

Ensuite, tout s’écroule lorsque ses employeurs font faillite et ne le payent plus. Il se retrouve sans aucun revenu, il vit dans une péniche où son atelier devient son habitation. C’est la galère. Quand on vit dans la précarité, on n’a plus accès à rien, on ressent une gêne et tout devient compliqué. Il s’enlise économiquement et socialement. Il rêve alors d’être engagé à l’usine pour retrouver une stabilité financière. Ils sont loin ses rêves de jeunesse.

À la mort de son père, il réagit et tente de se ressaisir. Il se lance dans un premier film qu’il finance lui-même en grande partie : Travellinckx. C’est l’histoire de Didier, 39 ans, hypocondriaque et dépressif, qui est persuadé qu'il va mourir d'un moment à l'autre. Dans l'espoir d'une réconciliation avec son père, il décide de se faire filmer à travers la Wallonie, et de lui offrir le film en guise de testament. Le film fait un buzz... et commence sa carrière.

Le rapport père-fils est compliqué pour lui. Il a eu une enfance heureuse, mais le souvenir de son père l’obsède. Il a toujours eu peur de la séparation. La reconnaissance du père est fondamentale pour chacun et si ses parents ne lui ont jamais dit « Je t’aime », il sait qu’il y avait de l’amour.

 

 

 

« Le monde est déjà très violent. Nous vivons sur un socle. Il n'y a que la bonté pour sauver le monde. »

Croire en l’avenir ?

Il est aujourd’hui très inquiet quant à l’avenir du monde. Dans les années 50-60, on croyait en l’avenir, on n’y croit plus aujourd’hui. On vit par nécessité, on associe le bonheur au pouvoir d’achat. Jamais on ne parle du bonheur dans les programmes politiques. L’avenir ne fait plus rêver. Pourtant, il croit encore en l’homme. Comment réveiller en l’homme ce qu’il y a de meilleur ? Par l’image ?

Il met dans ses films beaucoup de beauté et de bonté. Le bonheur que nous cherchons, c’est d’être bon... La plus belle des qualités qu’on peut avoir, c’est le don de soi, mais c’est aussi la plus difficile à acquérir. C’est pourtant ce qui fait qu’on est un homme.

Si, par ses films, Bouli Lanners veut apporter du baume au cœur, il est conscient que cela ne sauve pas le monde : Il nous manque ce métier de résistant, mais si on entre en résistance, c’est que l’on sent qu’il y a une petite lumière.

L’avantage que les cinéastes belges ont sur les américains, c’est que nous payons beaucoup d’impôts et qu’une part est reversée à la culture. Cela permet aux cinéastes de ne pas vendre leur âme au diable. On peut faire un cinéma libre et trouver des financements et des créneaux de distribution sans se faire censurer. Quand un film est terminé, Bouli n’est jamais complètement satisfait, cela le pousse à réécrire un autre film.

« Je suis un chrétien animiste. Dans le catholicisme, il y a un "humanocentrisme" que je regrette. »

 


Chrétien animiste

Bouli a toujours eu du mal à trouver les mots justes pour dire sa foi : J’ai la foi que quelque chose orchestre le monde, et j’ai toujours cherché ce que c’est. Je pense que je suis chrétien, mais je me détache de la chrétienté qui ne me suffit plus. J’ai un besoin de communion...

Il rencontre la culture amérindienne par hasard, dans le cadre d’un tournage, mais il a toujours été fasciné par elle et rencontre un chaman. Il s’étonne de trouver si peu de textes qui parlent de la nature dans les Évangiles. Il manque sans doute quelque chose qui a existé mais qui n’a pas été écrit.

« L'Écosse, j'ai dû y habiter. Je porterais bien le kilt. (...) J'ai été opéré du coeur. »

Bouli a besoin du contact avec la nature, un besoin énorme de marcher et de réfléchir. Avec Élise son épouse, il part souvent en groupe. Cela lui permet de rencontrer des gens et de prendre une pause pour regarder.

Enfant, il n’allait jamais en vacances avec ses parents. Depuis qu’il a 6 ou 7 ans, il rêve d’habiter en Écosse. Il en est mystérieusement amoureux, au point de faire croire que sa grand-mère est écossaise. Des Écossais, il a le caractère franc et bourru, et il a même un kilt. Il aime les rivières et il sillonne l’Écosse en bateau. Il aime regarder passer les berges, suivre les gens et le monde depuis la rivière.

On n’imagine pas Bouli sans ses tatouages. Il en a un de saint Gilles sur le bras gauche. Lorsqu’il doit être opéré du cœur, il a peur et se retrouve à l’église Saint-Gilles à Liège. Il s’y sent tellement bien et vivant… Il apprend que saint Gilles protège des peurs et se dit que s’il revient de l’opération, il se fera tatouer saint Gilles.

 

 

 

 

 

Lindsay DEVILLERS et Jean BAUWIN
(15 avril 2017)

Illustrations : Patrick Verhaegen (Pavé)
http://www.pavesurle.net/
Photographies : Geneviève Bricoult

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