Vendredi Saint 2016 : Benoît Mariage - Rencontre

VENDREDI SAINT 2016 : ÉCHOS DE LA RENCONTRE
 

LA BRÛLURE DU VENDREDI

Mais qui va m’ouvrir le cœur ?

Un Vendredi Saint avec Benoît Mariage
 

 

Quand il réalise en 2005 son film Cowboy avec Benoît Poelvoorde, Benoît Mariage était loin d’imaginer que son film allait le mener à commenter la passion du Vendredi Saint au Prieuré. Il réussit pourtant cet exercice difficile, car son film raconte la descente aux enfers d’un journaliste jusqu’à sa résurrection finale.

Benoît Mariage est peut-être, comme le héros de son film Cowboy, atteint du syndrome de Peter Pan. Il est, à maints égards, resté un enfant, ce qui n’est pas toujours facile quand on vit dans un monde d’adultes. Il a failli devenir instituteur et il aime beaucoup parler de son métier et de ses films dans les écoles primaires.

Il se souvient de la première photo qu’il faite, à l’âge de 13 ans, avec l’appareil de son papa. C’est à ce moment-là qu’est née sa passion pour la photographie. Il s’est senti investi comme d’une mission. Il développe ses propres photos dans la cave familiale. S’il entame (et termine) des études de droit, c’est pour faire plaisir à son papa notaire. Celui-ci le voit déjà reprendre l’étude familiale, mais lui, il suit en douce des cours de cinéma à l’IAD. Son diplôme de droit en poche, il s’installe à Bruxelles. Il y fait une école de cinéma, à l’INSAS, pour devenir chef opérateur. Ce sont des années formidables où il découvre la capitale et rencontre des gens qui vivent la même passion que lui, avec le même engouement.

En troisième année, à l’INSAS, il remet un projet : faire un documentaire sur les carmélites de Jambes, ses voisines qu’il connaît depuis qu’il est tout petit. Un de ses professeurs l’oriente plutôt vers l’émission corrosive de la RBTF Strip-tease. Les sœurs acceptent, même si elles ne savent pas comment s’orthographie le nom de l’émission… Le film fera un carton pour l’émission : Dieu seul suffit. Les sœurs ont permis à l’équipe d’entrer dans leur intimité. Elles sont contentes du résultat. Benoît Mariage se souvient avoir été impressionné par leur foi, même s’il n’était pas croyant à l’époque. C’est aussi pour lui le début d’une collaboration avec l’émission Strip-tease. Il réalise six ou sept documentaires jusqu’en 1988, où son film À fond la caisse fait tout basculer.

 
La fiction pour mieux dire le réel

Benoît Mariage a longtemps souffert d’un transfert parental et il projette un film sur ce sujet. Il sait que, dans le football par exemple, les parents peuvent avoir des comportements excessifs vis-à-vis de leurs enfants, au bord du terrain. Dans le motocross, c’est encore pire. Il découvre un père qui veut à tout prix faire de son gosse un champion. Benoît est très en colère contre ce père qui lui rappelle trop le sien. Il fait, selon ses propres dires, un film malhonnête. Plutôt que de tenter de raisonner ce père, il le filme dans ses excès. Il en sort avec l’impression d’avoir volé quelque chose de ce père, d’avoir instrumentalisé la réalité. Il décide d’arrêter de collaborer à cette émission.

Désormais, il se tourne vers le cinéma de fiction qui lui permet de mettre en scène des situations observées dans la vie réelle, sans instrumentaliser les gens. Il réalise Les convoyeurs attendent. Il y reprend le thème du transfert paternel, mais sur le mode fictionnel cette fois et avec davantage de tendresse pour le personnage du père. Il lui donne des circonstances atténuantes, là où il avait fait d’À fond la caisse un procès à charge uniquement.

Depuis l’âge de 16 ans, Benoît Mariage collabore à Vers l’Avenir. Il a sillonné toute la Belgique et fait des rencontres étonnantes. C’est l’une d’elles qui l’inspire pour Le signaleur, court-métrage réalisé en 1997. Lors d’une course cycliste, il observe un signaleur planté en croix au milieu de la campagne wallonne. Ce vieillard vivait dans un home et on allait le chercher une fois par an, pour jouer ce rôle de signaleur. C’était une résurrection sociale pour laquelle il s’endimanchait. Le réalisateur est touché par cette tâche dérisoire et d’une humanité profonde.

Pour réaliser ces films, il aime mélanger les acteurs professionnels avec des non-professionnels. Leur vérité donne le diapason à la justesse des autres. Cela rend le jeu des professionnels plus difficile.


Naître hors-champ

En 2005, il réalise Cowboy, le film préféré de Benoît Poelvoorde qui y voit son plus beau rôle. Son personnage, Daniel Piron veut retrouver Tony Sacchi. Celui-ci avait pris un car d’enfants en otage pour faire passer un message politique à la télévision. Il veut rechercher les protagonistes de cet épisode, 25 ans plus tard, afin de réaliser un film sur ce qu’ils sont devenus. Mais ils ont tous bien changé et Daniel Piron se rend compte qu’il ne pourra pas tourner le film qu’il souhaitait. Qu’à cela ne tienne, il compte bien contorsionner la réalité. Au final, on le retrouve brisé par ses désillusions, blessé par la réalité.

« Pour faire un bon film, il faut toujours trouver le défaut fatal d’un personnage, répète le réalisateur à ses élèves. De quoi est-il entravé ? Qu’est-ce qui l’empêche de progresser ? Il faut aller gratter sa part d’ombre. » Le personnage de Daniel Piron est prisonnier de son intellect, de l’idéologie qu’il veut défendre. Il est déconnecté de sa sensibilité. Il instrumentalise les gens et projette sur eux ce qu’il pense être la réalité. C’est cela qui l’empêche de les rencontrer tels qu’ils sont. Mais il arrive que des naissances succèdent à des morts. En intégrant une chorale, Daniel Piron est pour la première fois au même niveau que les autres. Sa voix se mêle aux autres. Il entre en lien et en voie de réconciliation avec lui-même. Et comme au matin de Pâques, la naissance se fait hors-champ.

Le cinéma permet de passer du dévisagement à l’envisagement. Lorsqu’il a tourné À fond la caisse, il dévisageait ce père parce que lui-même n’était pas réconcilié avec ce qu’il était. Mais dans Les convoyeurs attendent, il envisage le père avec sa part d’ombre et de lumière. Il faut aimer le personnage pour faire un film sur lui.

Le visage, c’est la porte de l’humain, c’est le territoire du cinéma. Il raconte l’histoire de la personne et permet de faire l’économie de mots. On voit l’humanité de chacun dans son visage. La séquence du film où un psycho-morphologue commente les portraits de Benoît Poelvoorde et Julie Depardieu est véridique. Elle n’a pas été écrite à l’avance. C’est un des moments forts du film qui dévoile l’intimité des personnages, mais aussi des acteurs.

« Je suis un chrétien tardif, au parcours assez fragile, dit le réalisateur, mais la foi c’est comme un scénario de film, il faut d’abord la garder au chaud de son cœur pendant des mois, la laisser mûrir, avant de la porter au monde. J’ai donc hésité avant d’accepter de venir en parler, mais je veux assumer mon parcours. Dieu nous rencontre dans nos blessures. La méditation et la prière permettent d’aller voir au fond de la blessure. C’est comme pour la photo qui se révèle dans la souillure, dans le bromure d’argent. » Pour Benoît Mariage aussi, la foi ne peut être que sensuelle. La beauté des célébrations, des chants rendent la foi plus accessible et plus touchante. Croire, c’est ressentir, c’est être vivant.

Jean BAUWIN
(25 mars 2016)

Illustrations : Patrick Verhaegen (Pavé)
http://www.pavesurle.net/

Photographies : Geneviève Bricoult

 

 

LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, SELON SAINTS MATTHIEU, MARC, LUC ET JEAN

relue par Benoît Mariage

 

1er récit

L. Jésus sortit pour se rendre, comme d’habitude, au mont des Oliviers et ses disciples le suivirent. Arrivé là, il leur dit :
+ « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
L. Il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors :
+ « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi. »
L. Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait :
+ « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »
(…)
L. Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser. Jésus lui dit :
+ « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
L. Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent :
D. « Seigneur, faut-il frapper avec l’épée ? »
L. L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. Jésus répondit :
+ « Laissez donc faire ! »
L. Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit. Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, chefs de prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens :
+ « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est maintenant votre heure, c’est la domination des ténèbres. »
L. Ils se saisirent de Jésus pour l’emmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre.
 

Regard de Benoît : Pourquoi vouloir un autre événement ?

Ce qui me touche profondément dans ce récit, c’est l’attitude du Christ. Il accepte inconditionnellement l’événement qui se présente à lui. Il pourrait bien sûr se dérober mais il ne le fait pas.
Dans « Cow-Boy », le film que la plupart ont découvert cette après-midi, Daniel, le protagoniste incarné par Benoît Poelvoorde, a l’attitude opposée.
Ce journaliste de télévision, réunit 25 ans après, les victimes d’une prise d’otages et leur agresseur. En espérant que ces retrouvailles éveillent la conscience sociale de chacun. Hélas pour lui, il ne rencontre qu’oubli et indifférence.
Au lieu d’accepter cette réalité, il la refuse et va mettre tout en œuvre pour que ces retrouvailles aient le sens espéré. Il commence à instrumentaliser les personnes autour de lui, il passe à côté de la rencontre…

A l’image de Daniel, souvent dans le métier existe la tentation de l’instrumentalisation.
Pour que la réalité sous nos yeux devienne celle que l’on avait imaginée.

Daniel voulait un autre événement que celui qui se présentait. Daniel voulait une autre histoire que la sienne.
Jésus n’a jamais voulu une autre histoire que la sienne.
Moi aussi, combien de fois j’ai voulu une autre histoire. Combien de fois, je me suis dérobé à ma propre histoire.

Le secret de la vie, c’est peut-être ça : l’acceptation et la rencontre de ce qui nous arrive.
Si on est pleinement présent, si on est dans le juste ressenti, alors on ne rate jamais rien et tout fait sens.

Pourquoi continuellement s’épuiser à chercher un sens à notre vie ? Laissons plutôt la vie prendre sens en nous.

***

2e récit

L. Dès le matin, les chefs des prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le grand conseil. Puis ils enchaînèrent Jésus et l’emmenèrent pour le livrer à Pilate. Celui-ci l’interrogea :
A. Es-tu le roi des Juifs ?
L. Jésus déclara :
+ C’est toi qui le dis.
L. Mais, tandis que les chefs des prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit :
A. Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi ?
L. Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur était très étonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. La foule s’étant donc rassemblée, Pilate leur dit :
A. Qui voulez-vous que je relâche : Barabbas ? ou Jésus qu’on appelle le Messie ?
L. Il savait en effet que c’était par jalousie qu’on l’avait livré. Les chefs des prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit :
A. Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ?
L. Ils répondirent :
F. Barabbas !
L. Il reprit :
A. Que ferai-je donc de Jésus, celui qu’on appelle le Messie ?
L. Ils répondirent tous :
F. Qu’on le crucifie !
L. Il poursuivit :
A. Quel mal a-t-il donc fait ?
L. Ils criaient encore plus fort :
F. Qu’on le crucifie !
L. Pilate vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre : alors il prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant :
A. Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde !
L. Tout le peuple répondit :
F. Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants !
L. Il leur relâcha donc Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller et le leur livra pour qu’il soit crucifié.


Regard de Benoît : Cela nous regarde

Pilate avec sa conscience, est face au peuple qui attend.
Comme un cinéaste, avec sa conscience, est face à un public qui attend.

Pilate avait sûrement l’intime conviction que l’homme présenté devant lui était innocent.
On peut même imaginer qu’il avait une certaine sympathie pour Jésus.
Mais pour plaire au public, il a renié sa conviction profonde.
Il a mis de côté son sens des responsabilités.

Par analogie, un réalisateur ne doit pas cultiver l’obsession de vouloir plaire à tout prix.
Il n’a pas le droit d’orienter son travail juste en fonction d’un succès escompté.
Le prix à payer serait l’introduction d’une relation biaisée entre lui et le spectateur.

Bien qu’il n’y ait pas de contradiction entre le fait que je ne fasse rien de particulier pour qu’un film plaise et que j’espère bien sûr avec anxiété qu’il sera accepté et aimé par le public.

Je pense qu’un artiste est toujours populaire dans ses œuvres authentiques. Nous avons juste à présenter une vision du monde tel que nous la ressentons au plus profond de nous mêmes. Pour que les gens la découvrent à travers notre regard et qu’ils soient à leur tour pénétrés de nos sensations.

A ce titre, comme nous le rappelle Andreï Tarkovski, rien n’est moins libre qu’un artiste enchaîné à son don et à sa vocation envers les autres.

***

3e récit

L. Jésus, portant lui-même sa croix, sortit en direction du lieu dit en hébreu : Golgotha c’est-à-dire Lieu-du-Crâne ou Calvaire. Là, ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
Pilate avait érigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix, avec cette inscription : « Jésus le Nazaréen roi des Juifs ». Comme on avait crucifié Jésus dans un endroit proche de la ville, beaucoup de Juifs lurent cet écriteau qui était libellé en hébreu, en latin et en grec. Alors les prêtres dirent à Pilate :
F. Il ne fallait pas écrire « Roi des Juifs » ; il fallait écrire : Cet homme a dit :
« Je suis le roi des Juifs ».
A. Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.
L. Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits, ils en firent quatre parts, une pour chacun. Il restait la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux :
A. Ne la déchirons pas, tirons au sort celui qui l’aura.
L. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : « Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. » C’est bien ce que firent les soldats.
Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, avec la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère :
+ Femme, voici ton fils.
L. Puis, il dit au disciple :
+ Voici ta mère.
L. Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, sachant que désormais toutes choses étaient accomplies, et pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit :
+ Tout est accompli.
L.  Il était déjà presque midi ; l'obscurité se fit dans tout le pays jusqu'à trois heures, car le soleil s'était caché. Le rideau du temple se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri :
+ Père, entre tes mains je remets mon esprit.
L. Et après avoir dit cela, il expira.
 

Regard de Benoît : Voici ta mère

Daniel, dans Cow-Boy, est un personnage amputé affectivement. Il vit dans sa tête, pas dans son cœur. Il est mal à l’aise dans l’intimité. On peut imaginer son histoire teintée d’une carence d’amour maternel.

Les paroles du Christ sont à cet égard, une aubaine. Car en disant à Jean, « voici ta mère », le Christ nous dit rien d’autre que nous pouvons vivre des alliances nouvelles.

Le bon hasard de la vie et des rencontres pour Daniel, ce sera alors de se retrouver face à des personnes qui, sans le savoir, vous disent et vous font ressentir je suis ta mère ou je suis ton père.
Et tu n’es pas réduit à rester ce que tu es.
Ces personnes vont peut-être restaurer ce lien perdu.

Et donc, le plus grand bonheur à souhaiter à Daniel, c’est de recevoir ce don que Dieu fait à Jean et fait pour chaque homme : rencontrer la maternité de Marie.

***

4e récit

L. Comme c’était vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat (d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier puis du deuxième des condamnés que l’on avait crucifiés avec Jésus. Quand ils arrivèrent à celui‑ci, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi.
(Son témoignage est véridique et le Seigneur sait qu’il dit vrai.) Tout cela est arrivé afin que cette parole de l’Écriture s’accomplisse : « Aucun de ses os ne sera brisé. » Et un autre passage dit encore : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.


Regard de Benoît : Voir pour croire ?

Ce récit m’impressionne. Il me renseigne sur la force du témoignage. A cette époque, pas d’image pour accréditer l’événement. Juste une parole transmise d’une personne à une autre.
La vérité tient certainement à la force et à l’intensité avec lesquelles cette parole a été communiquée. La vérité passe donc par la rencontre.

Aujourd'hui, c’est souvent l’image qui accrédite la vérité.
Mais l’image est elle vraiment une rencontre ? La photo d’un sourire sur un mur facebook accrédite-t-elle nécessairement du bonheur des vacances passées ?

L’image n’est pas nécessairement une vérité parce qu’elle n’est pas toujours une rencontre.
Et si elle est parfois une rencontre, elle peut être pauvre et vulgaire. Quand le manque de temps et d’intensité de celui qui fabrique l’image rencontre le manque d’implication de celui qui la consomme.

Dans ce monde submergé d’images, à nous aussi la responsabilité de créer comme ce témoignage, des images qui créent de la mémoire et non des images qui créent de l’oubli…

***

5e récit

L. Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par peur des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Nicodème (celui qui la première fois était venu trouver Jésus pendant la nuit) vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils prirent le corps de Jésus, et ils l’enveloppèrent d’un linceul,
en employant les aromates selon la manière juive d’ensevelir les morts. Près du lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore mis personne. Comme le sabbat des juifs allait commencer, et que ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.


Regard de Benoît : As tu été consolé ?

Le récit de cette journée se termine comme le récit de mon film. Par une image de consolation.
Consolation de la délicatesse et de l’attention portée à un corps inanimé, consolation aussi des paroles du larron vis à vis de Jésus.

Et pour Daniel, la consolation de cette chorale qui l’entoure, de ces voix qui se mêlent à la sienne et lui  apportent du baume au cœur.
A la fin du film, Daniel a éprouvé une immense détresse en contemplant l’étendue de ses pertes. Il a touché le fond.

Il a besoin de consolation. Pour retrouver le chemin de la vie.
La consolation est une étape nécessaire dans la reconstruction de soi.
La consolation ne remplace pas l’amour qui a manqué. Elle adoucit, elle pacifie, permet de remettre le pied à l’étrier en assurant le manque.

Pourtant, tout le long du film, Daniel refuse d’être consolé. L’injustice qu’il dénonce dans le film n’est que le reflet de l’injustice dont il a été victime dans sa propre histoire. En l’occultant, il se prive de consolation. Il n’a pas encore la foi. Mais cela viendra peut-être…
Car l’élan vers la foi n’est peut-être après tout que le réveil nostalgique d’une consolation lointaine qui viendrait de Dieu…

Benoît MARIAGE
(25/03/2016)

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